mardi 26 mars 2013

Odyssée chromatique #10 : Multicolore

Dernier épisode de notre voyage coloré. "Le meilleurs pour la fin", nous sommes nombreux à le dire, aussi vous ai-je gardé pour le final un petit mélange de photo multicolores. Quand la nature décide de nous en mettre plein les mirettes elle le fait dans les grands largeurs, alors autant en profiter.

Si vous sortez un tant soi peu de chez vous vous l'aurez probablement remarqué : les premières fleurs sont sorties de terre. Parmi celles-ci, nombreuses sont les belles colorées, et les crocus (Crocus sp.) ne sont pas les moins connus. Occupant les jardin en hordes pacifiques, ouvrant leurs trompettes resplendissantes à la face du soleil revenu, ils tâchent les pelouses de blanc, jaune ou violet. Issus de croisements et d'hybridations assez douteuses, ces plantes ont un pedigree assez incertain, il est donc difficile de dire avec précision quel est le lien qui les rattache aux espèces sauvages.

En voila encore un d'assez connu. Il vous est peut-être déjà arrivé de voir une feuille morte, de vous en approcher et de la voir soudain ouvrir quatre grand yeux bleu qui vous observent immobiles. C'est assez perturbant, et c'est précisément le but recherché par l'instigateur de cette mystification : le Paon du Jour (Aglais io). L'envers de ses ailes est d'un marron sombre, imitant très bien un limbe vieillissant et camouflant l'insecte à merveille. Mais si d'aventure un importun viens flairer l'animal d'un peu trop près, celui-ci ouvre grand ses ailes et plonge l'indiscret dans une stupeur de quelques secondes, ce qui peut lui permettre de se mettre à l'abri du danger. Ce phénomène est un bon exemple de mimétisme "inversé", puisqu'il imite quelque chose de voyant.

Regardez bien la prochaine fois que vous croiserez un Canard colvert (Anas platyrhinchos), ce qui arrive régulièrement, je n'en doute pas. Comme souvent, l'habitude nous fait fermer les yeux sur la beauté de ce qui nous entoure : cette espèce est magnifique. Les délicats dégradés de brun, le noir et le blanc, le bec jaune, les pattes oranges, la tête vert bouteille et le discret miroir bleu présent sur l'aile font de cet animal un joyaux flottant.

En parlant de joyaux ! Quoi de plus brillant, de plus coloré, de plus bariolé qu'un Martin-pêcheur (Alcedo atthis) ? Celui-ci s'est posé à quelques mètres de moi, sur une racine qui sortait de la berge pour aller se désaltérer dans le courant de l'onde claire. J'étais à peu près dissimulé à ses yeux par un mur de feuilles qui m'a permit de l'observer à loisir, mais il a par conséquent été assez compliqué de prendre une photo ou l'on voit effectivement l'oiseau lui même. Après quelques minutes, le saphir à plume a remarqué ma présence et s'est prestement esbigné vers un endroit ou les photographes ne viendraient pas lui casser les pattes.

Les papillons sont passé maîtres dans l'usage de la couleur. Certain en ont fait des déguisement presque parfait de leur environnement, presque plus crédibles que ce qu'ils essayent d'imiter. D'autre ont donnés dans la démesure et affichent à tous les yeux leur parures éclatantes. Celui-ci a manifestement commencé de bon cœur à orner ses ailes de belles couleurs mais le doute a du le saisir juste après le rouge : "est-ce-que le bleu électrique ira bien avec le fuchsia ?" semble-il se demander. J'aurais tendance à dire qu'il est très bien comme ça.

Pour finir, voici un dernier papillon. Impossible à confondre si on a l'occasion de l'observer à loisir grâce à ses tâches blancs argentées entourées de brun sous les ailes, cet élégant insecte s'est vu attribuer le nom de Miroir (Heteropterus morpheus) par un scientifique probablement très observateur. Il se plait à voleter maladroitement dans les pelouses ensoleillées et fera l'émerveillement de tous ceux qui prendront la peine de le contempler.

"De toutes les couleurs", le sujet est vaste et je ne peux pas tout vous montrer. Mais n'hésitez pas à aller chercher par vous même un peu de couleur dans le monde qui vous entoure, elle peut se cacher dans des endroit inattendus, adopter des formes étonnantes, se faire discrète ou voyante.
Ouvrez l'oeil, ce sera toujours le bon.

vendredi 1 mars 2013

Odyssée chromatique #9 : Noir et Blanc

Après une série d'articles colorés, il ne serait pas correct d'oublier de causer un peu de la base, celle qu'on oublie parfois. Si tout le monde pense au vert, au bleu, au jaune ou au rouge lorsque l'on parle de couleur, le premier réflexe de chacun d'entre nous n'est pas de se représenter un paysage enneigé ou une nuit sans lune. Et pourtant il n'y a rien de plus fondamental que les deux couleurs évoqués dans les images précédents, c'est à dire le noir et le blanc (mais vous aviez deviné). Elles sont partout et leur présence rehausse l'éclat de toutes les autres, quand elles ne sont pas elles même les vedettes. (Tout) petit tour d'horizon.

 L'image est marquante : une prairie verdoyante, bordée d'une rivière, quelques vaches paissent paisiblement un peu plus loin, le soleil tape gentiment et juste au milieu de ce paysage champêtre se dresse un totem torturé aux formes étranges et effrayantes. Frappé par la foudre quelques année auparavant, il ne restait de cet arbre que quelques lambeaux noircis et calcinés, macabres restes de sa splendeur ligneuse passée.

 Mais le noir et le blanc ne sont pas uniquement des couleurs de deuil, nombreuses sont les espèces vivantes à les arborer avec le plus bel effet. Le papillon ci-dessus (probablement l'Ecaille tigrée Spilosoma lubricipeda) en est un bel exemple. On peut d'ailleurs se demander pourquoi l'espèce arbore ces teintes, si visibles dans bien des situations. A cette interrogation je n'ai pas de réponse.


Oiseaux très fréquent et le plus souvent ignoré, la Foulque macroule (Fulica atra) n'en est pas moins une bestiole intéressante. Malgré son aspect plus que plaisant, sa rondeur confortable et sa nage indolente, l'espèce n'est pas si calme que l'on pourrait le croire. En ce moment même, la saison des territoires et des batailles qui les accompagnent a commencé et il n'est pas rare de voir deux de ces charmants volatiles se voler dans les plumes avec la dernière énergie pour un coin de marécage. Ces escarmouches sont souvent assez bruyantes et se remarquent donc d'assez loin. Elles sont aussi très amusantes à observer.

 Pour terminer cet article, j'aimerais vous présenter un des plus gracieux papillon de nos régions (à mon goût). Il est également l'un de ceux qui portent le mieux leur noms puisque qu'un savant poète et observateur l'a nommé Demi-deuil (Melanargia galathea). Quoi de mieux pour cet insecte dont les ailes s'ornent dessus comme dessous d'un damier noir et blanc du plus bel effet ? Très courant dans nos régions, l'espèce volète joyeusement durant l'été, tout droit sortie d'un film noir et blanc. Cet individu a été photographié au petit matin, encore couvert de rosé et endormi par le froid. Mais dites-moi, ne voyez-vous rien qui vous étonne sur cet insecte ?

samedi 23 février 2013

Odyssée chromatique #8 : Marron

 Bien le bonjour à tous. Aujourd'hui nous allons discourir ensemble à propos du marron, couleur extrêmement répandue mais à la réputation hélas plutôt mauvaise. Connaissez-vous une seule personne dont ce soit la couleur préférée ? Moi non. Pourtant, comme toutes les autres, cette nuance a de quoi émerveiller le plus blasé des daltonien si l'on y regarde de plus près. Omniprésente, toujours différentes, voici quelques exemples pas piqués des hannetons (ce qui est le cas de le dire, vous verrez plus loin).

 Il est des animaux dont on a plus souvent l'occasion de voir les traces que les antennes. C'est le cas du Bostryche ou Ips typographe (Ips typographus ou un de ses nombreux cousins), coléoptère connu et redouté des forestiers pour son habitude de venir loger sans vergogne sous l'écorce des arbres de culture (notamment résineux). Une fois l'écorce de l'arbre trouée, l'insecte fore une petite loge ou il attirera, par de mystérieux messages chimiques, une ou plusieurs femelles. Une fois fécondées, celles-ci s'en vont chacune de leur côté, forant le cambium devant elles et déposant régulièrement des œufs, petites bombes à retardement pour l'arbre. Quelques temps après cette première attaque, les petits écloses et s'empressent de prendre les habitudes de leurs parents : les voila parti dans tous les sens à grignoter l'arbre dont ils sortiront une fois adultes. Une fois l'écorce tombé, par suite de la mort de l'arbre ou de la branche concernée, on voit apparaitre le tracé de toutes ces mandibules sous forme de jolis dessins gravé à la surface du bois.


Voila la bête ! Ne vous parlais-je pas de hanneton ? Voici un beau spécimen de Hanneton commun (Melolontha melolontha), nom trompeur puisque cette espèce n'est plus vraiment commune de nos jours. Cible de nombreuses persécutions du fait des dégâts que ses larves causes aux cultures, très sensibles aux pesticides dont les campagnes sont joyeusement arrosées, l'espèce a vu ses populations s'effondrer au cours des décennies passées. Aujourd'hui il n'est pas très courant d'avoir le plaisir d'observer un de ces pacifique mastodonte se dandinant maladroitement dans la végétation ou volant lourdement sous la lune.


Voici un représentant d'une autre famille d'insecte bien connu : les orthoptères (c'est à dire les grillons, criquets et sauterelles). Je serais bien en peine de vous dire de quelle espèce il s'agit, la photo n'ayant pas été prise en France, ni en Europe d'ailleurs. L'animal m'est apparu au milieu du désert, perdu dans l'immensité, bien camouflé dans cet environnement ocre et gris. C'est là le plus grand criquet qu'il m’ait été donné d'observer, atteignant trente bons centimètres dans ma mémoire et plus probablement 6 ou 7 dans la réalité. Hélas il ne m'a pas laissé vérifier, préférant s'envoler plutôt que de passer sous la toise.


Encore un insecte (en l'occurence un taupin) !? Décidément, ces bestioles sont partout ! Eh oui, avec plus d'un millions d'espèces connues, les insectes sont de loin la classe la plus représentée sur terre, plus même que l'ensemble des autres classe réunies. Et les estimations sur le nombre d'espèces effectivement existantes dans le monde sont impressionnante : entre 3 millions et ... 70 millions d'espèces ! Il faut dire que l'on découvre chaque année en moyenne quelque 7000 espèces nouvelles... Thomas Eisner, grand écologiste et entomologiste, a dis à ce propos "Les insectes n'hériterons pas de la terre. Ils la possède déja.". Il a même ajouté "Il vaudrait donc mieux faire la paix avec les propriétaires."
A bon entendeur salut ! Apprenons à connaitre et à aimer toutes ces bestioles passionnantes !

mercredi 13 février 2013

Odyssée chromatique #7 : Orange

 J'ai failli oublier le orange dans mon voyage coloré ! Quelle erreur cela aurait été, les occurrences de cette couleur étant nombreuses dans la nature et souvent très esthétiques. Petit tour d'horizon.

 Le ciel a cette aimable habitude de prendre les teintes les plus variées selon l'heure ou les conditions climatiques. Un coucher de soleil et quelques nuages peuvent vous donner l'impression de vous tenir au cœur d'un volcan.

 Plus petit mais très courante, la limace rouge (Arion rufus) est bien connue des promeneurs et redoutée des jardiniers. Mais que son habitude de grignoter un peu vos plans de salade ne vous empêche pas de la regarder d'un peu plus près : une limace c'est joli. Et puis c'est marrant, si elle est contrariée elle se met en boule, comme ci-dessus.

 Les lichens font aussi parti de ces organismes courants mais injustement ignorés par la majorité d'entre nous. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer de se faire remarquer. De nombreuses espèces arborent des formes ou des couleurs exubérantes, tel que celui-ci (peut-être Xanthoria parietina). Regardez les d'un peu plus près la prochaine fois que vous sortez de chez vous, ils sont partout et ils sont souvent très très beaux dès qu'on les regarde d'un peu plus près.

 Les papillons de jours sont un des groupe d'animaux à avoir le plus adopté la couleur orange. Cette Grande tortue (si si, c'est vraiment son nom, Nymphalis polychloros pour les intimes) en est un bon exemple mais on peu également citer les mélités, les nacrés, les cuivrés et bien d'autre. Certains d'entre eux sont d'ailleurs très semblables et donc très difficiles à identifier. Dès que reviendra le printemps les premiers d'entre eux sortiront de leur cachette et nous émerveillerons en faisant clignoter le paysage de milles couleurs chatoyante.
Tenez vous prêt !

vendredi 28 décembre 2012

Odyssée chromatique #6 : Bleu

Voila une couleur assez particulière, à la fois rare et omniprésente autour de nous. Réfléchissez un peu, où trouver du bleu dans la nature ?

Deux réponses viennent à l'esprit assez vite : le ciel et l'eau. Le premier doit sa couleur à la diffusion de la lumière solaire par les molécules gazeuses de l'atmosphère, le second n'en est qu'un reflet. Ces deux éléments occupent une part primordiale des paysages terrestres, mais ce n'est pas le seul usage que mère nature a trouvé pour son pot peinture bleu.

Habitants de l'eau sus-cité, les dauphins en arborent plus ou moins la couleur selon les espèces. Ces Dauphins bleu et blanc de méditerranée (Stenella coeruleoalba) portent bien leur nom, arborant un dos gris-bleu et diverses nuances azurées le long de leurs flancs. Mais il n'est pas obligé de chercher si exotique pour trouver un peu de bleu, il y en a beaucoup plus près.

Cette libellule par exemple, l'Orthétrum brun (Orthetrum brunneum), peut se trouver dans la quasi totalité des départements de France continentale et de Corse, notamment dans le quart Sud-Est de la zone en question. Elle apprécie de nombreux habitats d'eau stagnante et courante, pondant dans des mares, gravières et fossés comme dans des ruisseaux ou des petites rivières. Elle a tout de même une préférence pour les milieux bien ensoleillés. Attention toutefois, il existe quatre espèces d'orthétrums en France et elles sont extrêmement semblables pour l'oeil non entrainé, méfiance donc, les confusions sont aisées.

Plus rare, la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina) est un magnifique coléoptère protégé en France. D'une belle couleur gris-bleu tachetée de noir, arborant des antennes démesurées décorées de petits plumeaux noirs, l'espèce est strictement impossible à confondre. Hélas, elle n'est pas aussi courante que l'espèce précédente : on la trouve surtout dans le Sud de la France et dans les régions montagneuses (les Alpes, les Pyrénées et le Massif central). Elle est également présente en Corse et sur la côté Atlantique entre les embouchures de la Vilaine et de la Dordogne. Elle semble toutefois se promener parfois assez loin, étant alors observé à des endroits inhabituels. Méfiance donc.

Finissons sur quelque chose d'un peu moins impressionnant mais de plus mystérieux. Personne ne s'intéresse aux moisissures et autre champignons décomposeurs à part quelques savants que l'on se plait à imaginer en blouse blanche, les cheveux en pétards et arborant des lorgnons sur le bout du nez. Toujours est-il que les organismes ainsi dédaignés tentent parfois de se faire connaitre un peu, de redorer leur image. Hélas ils n'ont jamais pris de cours de communication, les pauvres, aussi ces manifestations prennent-elles souvent l'allure de discrètes tâches et croutes sur les branches mortes trainant par terre en forêt. Seul l'oeil averti ou chanceux pourra alors profiter du spectacle saisissant bien que discret de cette belle couleur bleue. Les belles choses sont souvent cachée.

Alors cherchez !

jeudi 13 décembre 2012

Odyssée chromatique #5 : Rouge

Ça flash, ça pète, ça ébloui, ça illumine ! Moins courante que d'autre couleurs le rouge n'en devient que plus visible lorsqu'il est présent, sautant parfois aux yeux de façon violente (littéralement dans le cas de quelques bestioles pas commodes). Du fait de cette visibilité importante, cette couleur n'est que très rarement utilisée en tant que camouflage ; bien plus souvent elle joue le rôle d'avertissement.

Premier exemple frappant de cet avertisseur coloré : vous aurez tous reconnu l'Amanite tue-mouche (Amanita muscaria). Devenu célèbre grâce à sa tenue flamboyante, ce champignon n'avait pourtant qu'une seule intention en se peinturlurant ainsi : indiquer aux divers herbivores peu recommandables qui trainent dans sa forêt que sa consommation serait pour eux le synonyme de plusieurs heures assez peu agréables. Et ça marche pour une bonne partie d'entre eux, même si certaines bestioles ont semble-t-il trouvés une parade : on voit régulièrement ces beaux champignons grignotés par des limaces et escargots qui ne semblent pas en souffrir outre mesure. Ça a l'estomac costaud ces bêtes là.

La Coccinelle (Coccinella septempunctata) est une autre exemple, encore plus connu, de ce phénomène appelé aposématisme. Ce terme regroupe toutes les stratégies adaptatives visant pour un organisme à émettre un avertissement clairement compréhensible par ses prédateurs afin que celui-ci ne le consomme pas. Cette stratégie est employée par de nombreux organismes sur terre, souvent avec succès. La preuve : qui d'entre vous a déjà mangé une coccinelle ?

Cette fois-ci, l'animal est moins connu, et c'est bien dommage. Si un jour vous croisez une punaise au costume rouge vif traversé de grandes rayures noires continues (et non pointillées) vous serez en présence du ravissant Graphosome italien (Graphosoma lineatum), client régulier des grandes ombellifères des talus d'été. Très visibles, elles ne se soucient absolument pas de se cacher. Si par hasard un prédateur inexpérimenté vient à en manger une, son goût exécrable s'associera dans son esprit à la couleur rouge et il ne commettra plus la même erreur.

La, les choses s'inversent. Pourquoi les groseilles, parfaitement comestibles, se parent-elles d'une couleur aussi vive ? Oui mais voyez-vous, leur but a elles est précisément d'être mangée, afin que les graines, au sortir du tube digestif de la gourmande bestiole (je vous passe les détails) se retrouve disséminé souvent loin du pied dont il est issu. A l'instar de nombreux autre fruits (cerises, framboises, pommes, cynorhodon, baies de sorbier et j'en passe), elles ont décidées d'être transportée à l'intérieur même de leur "prédateurs", phénomène qui porte le doux nom d'"endozoochorie" (de "endo" = intérieur ; "zoo" = animal et "chor" = disséminer).

Pour finir, une petite photo sympathique prise l'automne dernier. L'écorce de ce rameau mort tombait en lambeaux que le soleil colorait d'une belle couleur rouge-orangée, formant une ligne lumineuse dans le sous-bois de la forêt. C'était plutôt beau.

Certes elles sont rares en ce moment, les traces de rouge autour de nous, mais ce n'est pas une raison pour ne point les chercher. Et puis après tout, on peut bien les attendre jusqu'au printemps.

mercredi 14 novembre 2012

Odysée chromatique #4 : Gris

Le gris c'est de saison ! L'automne est installé, de lourds couvercles nuageux s'installent, la lumière devient diffuse et illumine chaque chose comme en nuances de gris. Et alors commence la longue déprime hivernale, à regretter un été trop vite passé et un printemps trop lointain. Alors je dis non, le gris, aussi décrié soit-il, est une belle couleur. Prenez juste le temps de l'admirer quand il se pare de formes et de motifs particuliers.


Pour commencer, le gris est bien sur la couleur par excellence des constructions humaines. Toutes ces vieilles pierres (ici une partie des remparts de Carcassonne) ont beau ne pas être naturelles, elle n'en ont pas moins un certain charme et un intérêt naturaliste indéniable pour certaines espèces. Nombreuses sont les chauves-souris qui vivent, discrètes et ignorées, dans le recoin sombre d'un quelconque bâtiment. Quand à certaines petites fougères très communes mais également assez discrètes, les vieux murs sont devenus un habitat de substitution très intéressant par rapport aux falaises et rochers qu'elles avaient l'habitude de fréquenter.

Tirant souvent vers le bleu, le gris du ciel est souvent quelque chose de fascinant. Les nuages, ces entités célestes mystérieuses qui fascinent bien des enfants (et des adultes mais ils osent rarement l'avouer), arborent bien souvent fièrement la couleur tant décriée. Oui mais voila, mêlée de lumière, reflétée, rayonnante, elle devient beaucoup plus belle de traverser un peu d'humidité condensée.

 Certains animaux ont fait du gris leur tenue. La Tarente de Maurétanie (Tarentola mauritanica) a su s'habituer à la couleur de nos maisons et présente souvent un teinte grisâtre plus ou moins sombre. Égayant les maisons du Sud de la France, elle viendra guetter les insectes attirés par les lumières installées à l'extérieur, qu'elle gobera avec délectation.

Chez d'autres animaux, la couleur étudiée apparaît indirectement. C'est le cas ici, une toile d'araignée ayant retenu les gouttelettes de la rosée qui forment maintenant les perles d'un mystérieux chapelet suspendu dans la froidure humide de ce mois de Septembre. C'est là un des spectacles que je trouve les plus beau de la nature proche, aussi je vous encourage vivement à essayer de vous dégoter une belle toile, lors d'une journée de brume. Le spectacle vaut le coup d'oeil.

Plus que la plupart des autres couleurs, le gris est créateur d'ambiances bien particulières.
Cette journée de Janvier, le brouillard n'avais pas laissé une fois paraitre l'oeil jaune du soleil, bien décidé à nous noyer dans une humidité omniprésente. Je participais alors à un comptage de Milan royaux (Milvus Milvus) dans le massif central. Malgré l'obstacle important de cet écran, nous cherchâmes et nous trouvâmes les désirés volatiles. Perchés dans des arbres dénués de feuilles ils n'était plus de simples rapaces, les voila devenus épouvantails, silhouette inquiétantes aux formes changeantes. Soudain, juste au dessus de nous, perçant l'épaisse couche de brouillard, une dizaine de ces oiseaux apparaissent, volant droit vers nous en surgissant de la brume. L'instant est magique.

Au lieu de déprimer par les longues et grises journées d'automne, profitez de cette couleur et examinez là d'un peu plus près, elle réserve des surprises. Et si vraiment vous êtes réfractaires, alors cherchez autre choses, les autres nuances n'auront jamais complétement disparu.